Update: English speakers might be interested to know that blogger Charles Henry, from Covenant Zone, translated the interview below into English: read it here.

J’ai déjà parlé du journaliste hollandais Arthur Van Amerongen et de son livre “Bruxelles Eurabia”, qui devrait paraître en fin d’année, et traduit l’interview qu’il avait donnée le mois dernier au magazine flamand Knack. A l’époque, j’avais découvert qu’Amerongen avait également donné une interview tout sauf politiquement correcte en prime time sur la chaîne de télévision bruxelloise néerlandophone “TV Brussel”.

Il aura fallu le temps, mais j’ai finalement récupéré la vidéo, et pensé qu’elle valait diffusion. Van Amerongen n’est pas un grand orateur, il ne met pas de gants, on le sent énervé et il fait probablement quelques raccourcis fâcheux, mais il a le mérite d’aborder ces vérités dérangeantes. Ce qui fait un bien fou, quand on vit dans ce petit pays anesthésié par les querelles communautaires (*). De plus, au vu de sa carrière (résumée dans l’article susmentionné), il semble que l’on ait à faire à un journaliste au départ plutôt bien disposé envers les immigrants du Maghreb, que son expérience a bouleversé… Bref, ce n’est pas un chef d’oeuvre, juste un témoignage de plus sur la société eurabienne que je vous invite à visionner.

N.B.: C’est Gédéon, dont le néerlandais est bien meilleur que le mien (c’est un euphémisme!) qui a traduit l’essentiel de l’échange – qu’il en soit remercié. Le texte qu’il m’a fait parvenir se trouve ci-dessous, pour qui voudrait l’utiliser.

Edit – 10 décembre 2007

Cela fait quelques semaines maintenant que DailyMotion m’a sucré la vidéo, mais grâce aux vaillants rédacteurs de BafWeb, la voici maintenant hébergée sur Youtube, en deux parties:

Part1/2:

Part2/2:

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Bonsoir Mesdames et Messieurs, merci de nous regarder.

Le livre « Bruxelles Eurabia » du journaliste hollandais Arthur Van Amerongen est dans quelques semaines dans les librairies ; nous avons un entretien avec l’auteur.

Bonsoir Mesdames et Messieurs. Le livre « Bruxelles Eurabia » du journaliste hollandais Arthur Van Amerongen est dans quelques semaines dans les librairies. Le livre parle de la communauté musulmane de Bruxelles, et promet d’être stupéfiant et hallucinant, s’il faut en croire nos collègues de Knack. Pour écrire ce livre, Van Amerongen a infiltré durant une année la communauté musulmane de Bruxelles. (0’36)

Arthur Van Amerongen, bonsoir, bienvenue dans notre studio. (0’36)

Bonjour Philippe.

Arthur, vous écrivez dans votre livre : « Bruxelles est une bombe à retardement, il y aura certainement un attentat. » N’est-ce pas un petit peu exagéré ? (0’47)

Non, écoutez, c’est une addition/ une énumération ; regardez ce qui s’est passé en Angleterre : des médecins originaires de l’Inde ou du Pakistan qui commettent un attentat… Si vous regardez ce qui s’est passé en 7 ans : l’affaire Trabelsi, l’attentat contre le bâtiment Philips, … tous déjoués par vos services secrets. Si on regarde simplement les rapports, je suis certain que ça va arriver. (1’10)

Ce sont pour vous les indices que cela va se produire ?

Non, non, non. J’ai infiltré pendant un an la communauté musulmane de Molenbeek et des Marolles. Ces gens n’ont rien à voir avec la Belgique, ils haïssent les Belges. (1’24)

Sur quoi vous basez-vous pour affirmer ça ?

J’ai été parmi eux, je parle arabe. Ils haïssent les Belges, ils n’en ont rien à faire des Belges, rien, rien. (1’32)

Mais pouvons-nous… Parlez-vous de toute la communauté marocaine, toute la communauté musulmane de Bruxelles ?

Non, les marocains avec leurs barbes, leur demi pantalon et les pieds nus dans leurs chaussures… Non, c’est une communauté très dangereuse. C’est une bombe à retardement. (1’47)

Une bombe à retardement. Mais…Vous écrivez ça aussi dans votre livre. N’entretenez-vous pas ainsi la culture de la peur ? (1’51)

C’est la réalité. Ce n’est pas la culture de la peur. Les Belges sont beaucoup trop occupés avec B-H-V, Bruxelles-Halle-Vilvoorde. Vous devriez vous concentrer sur les 25% de musulmans vivant à Bruxelles. Le danger vient de là. Vous êtes occupés par votre querelle linguistique. Est-ce que je peux dire « vous » ?

Oui, bien sûr.

Les Marocains sont plus dangereux que les Wallons. (2’12)

Oui, mais… Bon, vous dites « 25% de musulmans » à Bruxelles… Sont-ils tous dangereux ? Non, quand même ? (2’20)

Non, mais si 1% d’entre eux sont dangereux, vous êtes mal barrés… (2’22)

Mais… Pouvez-vous dire dans quel délai… ça va arriver… cette …

La bombe ?

Oui, cette « bombe à retardement »… ? (2’28)

Euh, je dirais… mercredi prochain. [Rires] (2’31)

Non, sérieusement…

Je n’en sais rien, mais c’est… Ca se produira. (2’36) Regardez l’Angleterre, regardez les Pays-Bas, Théo Van Gogh assassiné ; regardez ce qui se passe en Angleterre : des médecins, des médecins Indiens distingués, qui ont obtenu l’asile politique… Que faut-il penser des Marocains qui vivent ici ? Vous pensez qu’ils sont loyaux envers le gouvernement belge ? Non, ils nous haïssent. (2’52) Les Marocains nous haïssent. (2’53)

Oui, mais vous venez de dire à l’instant…que les Marocains qui vivent ici à Bruxelles ne veulent rien avoir à faire avec la Belgique, avec Bruxelles, …

Non.

… qu’ils nous haïssent. (3’02)

Ils veulent le califat ; ils veulent tout simplement un gouvernement qui dirige l’oumma de Bagdad jusqu’en Angleterre. (3’08) C’est ce qu’ils veulent. (3’10)

Ces gens sont donc libres… libres de faire ici ce qu’ils veulent ? (3’13)

Ca, vous devez le signaler à la police. Je veux dire… Allez donc faire un tour du côté des librairies à Lemonnier… Regardez la haine qui s’y déverse, contre les juifs, contre les chrétiens, contre les chiites, … C’est là en vente libre, en français et en arabe. Euh, désolé ! Tout ça est possible en Belgique… On peut aussi acheter facilement des armes …

Revenons un peu en arrière, les armes c’est une autre histoire. Revenons à la communauté musulmane. Vous avez pu vous y infiltrer. Est-ce que ça a été facile ? (3’38)

Non, très difficile, car je n’ai pas bu [d’alcool] pendant 8 mois, or j’apprécie une petite bière de temps en temps…

Oui. Mais comment vous est venue l’idée d’infiltrer, de plonger dans le monde musulman ? (3’49)

Parce que Muriel Delgauque, qui vient de Charleroi, est allée se faire exploser…

A Bagdad

…en 2004 si je ne me trompe pas.

Oui, en Irak.

Elle avait un ami marocain, venait de Molenbeek, et fut la première martyre « blanche » de Belgique. (4’04) La Belgique a eu l’honneur d’avoir la première « martyre » blanche d’Al Quaïda. (4’07)

Vous parlez de cette femme qui s’est fait exploser, qui a commis un attentat-suicide en Irak. C’est ce qui a provoqué un déclic dans votre tête, vous a décidé à vouloir faire quelque chose, essayer de comprendre ? (4’18)

Oui, je me suis dit alors : « Comment se fait-il qu’une fille de Charleroi en arrive à un point tel qu’elle décide d’aller à Bagdad avec sa petite bagnole pourrie et se fait exploser ? C’est absurde. (4’27) Cette fille buvait, avait des copains, se droguait, elle fumait des joints…(4’31)

Avez-vous trouvé la réponse à votre question ?

Non. (4’33)

Non. (4’35) Euh, imaginons… Revenons à cet attentat. Je me dis : « Bon, OK, imaginons que cet attentat ait lieu ». Premièrement : qui le commettra ? Et surtout, deuxièmement : pourquoi ? (4’51)

Des marocains. Regardez tous les attentats en Europe : Madrid, même en Angleterre… 80% sont des Marocains.(4’57)

Mais que veulent-ils obtenir ainsi ? Qu’est-ce que… (5’00)

La haine. C’est la haine de la Belgique, des Pays-Bas, de l’Occident, de la culture chrétienne, you name it. (5’08) Ils nous haïssent. Les Marocains nous haïssent. (5’11) Ils sont frustrés car ils ne… Même aux Pays-Bas, les Marocains cultivés que je connais… Je… J’ai infiltré ce milieu-là… Je ne connais pas un Marocain qui soit allé avec un Belge dans une maison belge. (5’25) Aux Pays-Bas, on dit que chez les Belges on n’est de toute façon jamais invité à la maison, mais bon, soit… Les Marocains n’ont jamais été chez les Belges. (5’33) Les problèmes commencent là.

Votre livre va certainement faire grand bruit et ne vous vaudra pas que des amis … (5’42)

Et alors ? Hmm ?

Tout de suite. Nous avons été chercher quelqu’un qui… Oui, qui est en fait contre cet argument de la radicalisation de l’islam à Bruxelles. Elle dit même que c’est « une histoire ancienne et exagérée » ; ce sont les mots de Malika Abbad, (5’56) une femme marocaine qui travaille pour le ministre flamand bruxellois Bert Anciaux. Selon elle, le récit de Van Amerongen a uniquement pour but d’attiser la peur des Marocains. Anouk Vanherf a pu avoir un entretien avec elle. (6’07)

Il fait calme à Molenbeek durant l’été. (6’10) Beaucoup de Marocains passent leurs vacances auprès de leur famille au Maroc. (6’13) Dans les rues, on voit beaucoup d’hommes en tenues traditionnelles, de femmes – et même de très jeunes filles – voilées. (6’20) Est-ce Molenbeek qui se radicalise ? Sont-ce là les indices d’une bombe prête à exploser ? Selon Malika Abbad, elle-même marocaine, cela se passe plutôt bien. (6’28) Elle est adjointe au chef de cabinet du ministre flamand Bert Anciaux, et s’occupe de Bruxelles et des affaires inter-culturelles. (6’35)

Lorsque je me promène à Molenbeek, franchement, non. (6’38) Ce que je vois, c’est évidemment qu’il y a beaucoup de pauvreté ; ça se voit aux maisons, aux gens, au genre de petits magasins… ; mais personnellement, je n’ai pas l’impression d’être face à quelque chose de très grave qui menace d’exploser. (6’53)

Abbad reconnaît l’existence à Bruxelles de musulmans qui se radicalisent, comme partout ailleurs dans le monde. Mais en déduire qu’un attentat terroriste à Bruxelles n’est qu’une question de temps, est absurde selon elle. Les conclusions que tire Van Amerongen reposent selon elle sur une expérience limitée. (7’07)

Je peux très bien m’imaginer que lorsqu’il se trouve dans une certaine compagnie, il ait très probablement entendu les choses qu’il a entendues ; je ne vais donc certainement pas affirmer qu’il a sucé tout ça de son pouce, mais je peux l’inviter à se rendre dans d’autres familles, à infiltrer d’autres milieux, et il aurait alors certainement entendu d’autres choses, ou des choses qu’il pourrait entendre partout ailleurs. (7’28)

Musulmans radicaux, Marocains criminels, Abbad a déjà souvent entendu ce refrain.

Pour parler franchement, ça n’a rien de nouveau, surtout si la conclusion est de dire aux gens : « Attention, il y a une grande menace d’attentat terroriste, et je hais les Marocains que j’aimais autrefois ». (7’42) Franchement, je trouve que ce sont des conneries. (7’45) J’aurais de loin préféré que, même en tirant les mêmes conclusions, il présente les choses du côté humain, en disant : « Nous, en tant que société, nous devrions tout de même réfléchir sérieusement à la question de savoir comment intégrer dignement ces personnes dans notre société, et leur donner le sentiment qu’ils en font partie. » (8’05)

Oui, Monsieur Van Amerongen. « Des conneries », dit Madame Abbad.

Oui, je comprends le flamand. (8’10) C’est typiquement marocain de défendre toujours sa propre communauté. Comme s’il n’existait pas de crapules, de junkies. Bruxelles est emmerdée par les Marocains et cette femme dit : « Non, ce sont quelques Marocains qui embêtent tout le monde. Venez avec nous… » Je peux l’accompagner dans sa famille et j’aurai une belle histoire… Ce n’est pas une histoire. L’hypocrisie des Marocains est terrible.

Pour vous, c’est le type de femme qui est complètement déconnectée de la société, … C’est la Marocaine qui… ?

C’est typiquement Marocain, oui, ne pas balayer devant sa porte, et de nouveau se défendre… OK, 10% de Marocains sont des junkies, 10% sont radicaux. « Non, venez avec moi, vous verrez un gentil Marocain qui a un petit magasin, et vous verrez comme ils sont gentils… » Non, il ne s’agit pas de ça, de ces 80%. Il s’agit de ces 20% qui foutent la merde ici à Bruxelles.

Vous êtes très dur pour cette communauté.

Oui, je suis très énervé. Absolument. (9’07)

Dans une interview donnée au Knack, vous avez dit que vous avez eu des expériences désagréables avec des Marocains, …

J’ai été volé, oui. D’une manière affreuse / épouvantable.

Vous avez été victime de vol, vous et votre femme avez été insultés dans la rue… Cela a-t-il un rapport ?

Bien sûr. Je marche dans la rue Haute, la « Hoogstraat » comme vous dites. Ok, je marche là, avec mon amie, qui était habillée de façon un peu sexy – ça signifie, pour les Marocains, qu’elle portait un T-shirt. Et ils lui disent en arabe : « Sale pute ! Sale pute ! » Kahda – un très vilain mot. Ok, je poursuis mon chemin, je me retourne et je dis : « Ta sœur ! » Même pas « Ta mère ! », ce qui serait encore plus grave. J’ai reçu un coup dans le dos, et je me suis fait tabasser. Je suis allé à la police, … mais bla bla bla. Ces gens, s’ils veulent vivre sous un régime orthodoxe, qu’ils aillent le faire ailleurs, mais pas à Bruxelles. (9’57)

Dernière question. Vous avez également dit à nos collègues de Knack : « Au plus je rassemblais d’informations sur cette communauté, au moins je parvenais à comprendre les Marocains », au point que vous avez utilisé le terme « impuissance ». Je me demande alors : si c’est votre sentiment, malgré tous vos voyages – vous avez été correspondant de guerre – , vos études, ce sentiment doit être partagé par le citoyen Bruxellois moyen. Cela explique-t-il en partie pourquoi la vie en commun est si difficile pour ces deux communautés, ou pourquoi elles ne se reconnaissent pas ?

Il n’y a pas de vie en commun. Les Marocains doivent s’adapter ou partir. Ils s’adaptent à notre culture, à nos libertés, and that’s it. S’ils ne veulent pas s’adapter, s’ils veulent leur propre…, si à Molenbeek ils ne veulent pas de panneaux publicitaires de H&M avec des femmes en bikinis, ils n’ont qu’à foutre le camp, ils n’ont qu’à quitter Bruxelles et retourner au Maroc.

Autrement dit, et pour terminer, la société multiculturelle…

N’existe pas.

… n’existe pas.

Non, désolé. C’est dommage pour le Vlaams Belang, mais ça n’existe pas.

Ok. Arthur Van Amerongen, merci beaucoup d’être venu en ce studio.

Merci.

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(*) Plantons un peu le décor pour les lecteurs étrangers: cela fait 3 mois aujourd’hui que les Belges ont voté et qu’ils attendent un gouvernement; les différents partis ne savent se mettre d’accord, les revendications flamandes et wallonnes sont peu compatibles, et, en cas de scission du pays, le noeud du problème réside dans “qui garde Bruxelles” – Flamands et francophones se disputant la ville et les institutions qui y sont implantées. Pourtant, lire sur les fora les empoignades à ce sujet laisse un goût amer lorsqu’on se promène dans Bruxelles: les “X” pourcents d’habitants francophones de la capitale mis en avant par le Sud du pays sont loin d’être tous d’origine européenne, sans même dire belge, surtout si l’on regarde la jeunesse bruxelloise…