Traduction d’un article de Melanie Phillips du 7 septembre 2006

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Combien faudra-t-il de temps avant que le Christianisme ne devienne illégal en Grande-Bretagne? Ce n’est plus une question aussi totalement absurde et choquante qu’il y paraît.

Un militant chrétien évangéliste, Stephen Green, a été arrêté le week-end dernier et est sous le coup d’une inculpation pour « paroles ou comportement menaçant, grossier ou insultant ».

Quel comportement ? Simplement, le fait d’avoir tenté de distribuer paisiblement des tracts lors d’un rassemblement gay à Cardiff.

Qu’y avait-il donc d’imprimé sur ces tracts qui soit si menaçant, grossier ou insultant que cela ait attiré la loi au grand complet?

Et bien, rien d’autres que les paroles pleines de majesté de la Bible du roi Jacques [1] datant de 1611.

Le problème était qu’il s’agissait de ces passages de la Bible qui prohibent l’homosexualité. Les tracts exhortaient également les homosexuels : «Détournez-vous de vos péchés et vous serez sauvé ».

Mais pour les prélats laïques de la culture de droits de l’homme, le seul péché qui soit est de traiter l’homosexualité de péché.

Evidemment, M. Green n’est pas la tasse de thé de tout le monde; d’autres chrétiens le considèrent comme extrémiste. Mais notre société est maintenant si insensée que, ne faisant rien de plus que d’adhérer à un principe fondamental du Christianisme, il a été traité comme un criminel.

Et pourtant, à la même heure, la police refuse toujours soigneusement d’agir contre les fanatiques islamiques qui abusent de la liberté britannique pour prêcher la haine et l’incitation [à la violence] contre l’Occident.

Préjugés

La Bible est le code moral à la base de notre civilisation. En dépit de cela, la logique qui sous-tend l’action de la police contre M. Green mène à la conclusion inéluctable que la Bible elle-même est un « discours incitant à la haine » et doit être interdite.

Ces circonstances bizarres sont apparues grâce à notre culture des droits de l’homme, qui défend automatiquement les minorités contre la majorité.

En conséquence, personne ne peut dire quoi que ce soit de désobligeant à propos d’une minorité sans être accusé d’avoir des préjudices ou de faire preuve de discrimination à son encontre.

Le problème du Christianisme est qu’il estime que l’homosexualité, c’est mal. Dire ceci n’est cependant plus permis, parce que ce serait considérer une pratique minoritaire comme source de péché.

Ainsi le Christianisme ne peut plus ne soutenir un de ses propres préceptes sans être accusé de préjugés.

Le dilemme déchire actuellement l’église de l’Angleterre. Mais il met également sans dessus dessous notre notion de la justice toute entière.

L’écrivain Lynette Burrows a reçu un avertissement de la police londonienne simplement pour avoir suggéré que les couples gays n’étaient pas des parents adoptifs idéaux.

L’ancien chef du Conseil Musulman de Grande-Bretagne, Sir Iqbal Sacranie, s’est lui aussi fait épingler par la police après avoir affirmé que l’homosexualité était nocive.

A remarquer que, dans son cas, l’affaire a été vite lâchée. S’il y a bien une chose qui terrifie notre police si politiquement correcte plus encore que d’être traitée d’homophobe, c’est d’être traitée d’islamophobe – même si le fondamentalisme islamique constitue une menace réelle pour le respect des droits humains des homosexuels.

Si ce n’était pas si alarmant, ce serait hilarant. Les Chrétiens, en comparaison, obtiennent un traitement très différent.

Un prédicateur évangéliste âgé, Harry Hammond, a été condamné pour trouble de l’ordre public après qu’il ait exhibé une affiche appelant à la fin de l’homosexualité, du lesbianisme et de l’immoralité.

Bien qu’il ait été victime d’une agression physique quand la foule l’a aspergé d’eau et de terre, lui seul fut poursuivi en justice.

Et des pensionnés du Lancashire, Joe et Helen Roberts, furent soumis par la police à un interrogatoire de 80 minutes au sujet de leurs opinions « homophobes », après qu’ils aient simplement demandé à leur mairie de proposer de la littérature chrétienne à côté des prospectus consacrés aux droits des homosexuels dans les bâtiments municipaux.

Brimades

Le Christianisme devient rapidement une foi qui n’ose plus s’afficher. Des idéologues qui cherchent à hâter sa disparition oeuvrent à l’effacer de la conscience nationale.

Hier, le maire de Londres Ken Livingstone affirmait dans un entretien radiophonique que la Grande-Bretagne n’était « plus un pays chrétien », parce que les gens n’allaient plus à l’église.

Les autorités, au niveau local et gouvernemental, affaiblissent systématiquement le Christianisme en refusant de subventionner les groupes bénévoles chrétiens au motif que, se disant chrétiens, ils ne promeuvent pas la « diversité ».

C’est ainsi que le gouvernement a refusé de reconduire l’expérience des formations professionnelles proposées par le Highfields Happy Hens Centre à des jeunes délinquants et des élèves en état d’exclusion scolaire, dans le Derbyshire, en dépit de ses résultats impressionnants, simplement parce que ce centre fonctionnait sur une philosophie clairement chrétienne.

Le conseil régional du Norfolk s’est opposé à l’inclusion du mot « chrétien » dans la charte de la Barnabas House, à King’s Lynn, Norfolk, qui héberge de jeunes sans-abris.

Et la Housing Corporation (Société de Logement), bailleur de fonds principal de Romford YMCA [2] qui s’occupe en Essex des centaines de jeunes indigents, a protesté contre le fait que le conseil d’administration de l’institution ne comportait que des chrétiens – ce qui signifiait, selon elle, que le YMCA n’était pas capable de faire montre de « diversité », bien qu’il ait été ouvert à toutes les confessions et croyances.

La « diversité » à l’ordre du jour, en d’autres termes, sert de camouflage pour attaquer le Christianisme.

Et pour couronner le tout, nous ne pouvons plus compter sur notre futur monarque pour résister, puisque le prince Charles a déclaré que lorsqu’il deviendrait roi il ne serait plus « Défenseur de la Foi » [3] mais « Défenseur des Religions ».

Cependant le Christianisme est toujours la religion officielle de ce pays. Toutes ses institutions, son histoire et sa culture sont pénétrées par elle ; la Grande-Bretagne perdrait son identité, ses valeurs et sa cohésion sans elle.

Mais les droits des minorités sont maintenant utilisés contre elle comme un boulet de démolition.

Ce qui a commencé comme un désir louable d’interdire la haine envers la minorité gay s’est transmuté en haine de la majorité chrétienne.

Les comportements qui étaient auparavant perçus comme transgressant les normes morales de la Bible sont maintenant devenus la norme – et ce sont les valeurs bibliques qui sont traitées comme étant au delà du comportement admissible. Ce n’est pas un hasard.

La doctrine sacrée des droits de l’homme – qui s’établit nettement comme la religion d’une époque athée – est l’outil employé par le laïcisme pour attaquer progressivement les racines chrétiennes de notre civilisation, sous prétexte que la religion est intrinsèquement arriérée, porteuse de préjugés et créatrice de divisions.

Le Christianisme a été détrôné en tant que foi dominante de ce pays au motif que l’égalité exige un statut identique pour les confessions minoritaires et pour le laïcisme. A cause de cela, il est marginalisé et réduit à guère plus qu’une bizarre curiosité culturelle.

Insultant

C’est un processus devant lequel l’église de l’Angleterre s’est depuis longtemps inclinée, en suivant le flot de l’effondrement moral et culturel et à l’unisson avec la doctrine multiculturaliste – et en se demandant maintenant pourquoi ses églises sont si vides, alors que celles d’évangéliques intransigeants tels que Stephen Green sont remplies jusqu’aux combles.

Résultat, le Christianisme est progressivement éliminé de la sphère publique.

Plusieurs municipalités ont banni Noël parce que « trop chrétien » et donc « insultant » pour les gens d’autres confessions, et le remplacent par des « festivals d’hiver » dénués de sens.

Cette attaque du Christianisme n’est pas seulement quelque chose qui semble sorti en droite ligne d’Alice au pays des merveilles.

Ce n’est pas seulement une menace envers la liberté d’expression et l’expression religieuse. C’est une attaque fondamentale envers l’identité nationale et les valeurs essentielles de ce pays –qui, ce faisant, met en danger ces libertés engendrées par le Christianisme lui-même.

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[1] King’s James Bible : La Bible du roi Jacques est une traduction de la Bible en anglais réalisée sous le règne de Jacques Ier d’Angleterre. Elle a eu un impact déterminant sur la littérature anglaise dans son ensemble.
[2] YMCA: abréviation de « Young Men’s Christian Association », association chrétienne de jeunes gens (surtout connue pour ses centres d’hébergement – le nom est bien sur aussi connu de beaucoup grâce à une célèbre chanson disco… ).
[3] Fidei Defensor, l’un des titres des rois d’Angleterre.